Auteur(s)
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Monique
Halm-Tisserant
Institut d’Études Politiques, docteur en Sciences de l’Antiquité et Maître de conférences retraitée de l’université de Franche Comté
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Thème | : |
Saison 8 : Par-delà les frontières
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Agora des Savoirs | : |
Saison 08 : Par-delà les frontières
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Lieu | : |
Centre Rabelais, Montpellier
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Date | : |
3 mai 2017
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Langue | : | Français |
Licence | : |
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Dans la Grèce ancienne, la frontière (horos), entité géopolitique, délimite le territoire de la Cité : la chôra. Dans ce cadre territorial, les Grecs distinguent le centre de la périphérie, opposant l’espace de la cité aux extrémités du territoire (eschatiai), la civilisation à la nature sauvage. Face à la souillure que répand le sang versé, la pénalité perçoit la frontière comme un lieu d’éviction, « sur » ou « par-delà » lequel s’exécutent les peines capitales. Ce bornage territorial s’impose comme l’archétype symbolique de toutes les frontières : cosmique, physiologique, anatomique. Les termes du monde – montagnes, gouffres – structurent la hiérarchie verticale de l’univers : ciel, terre, enfers. Renversée lors des festins cannibales que Tantale et Lycaon servent aux dieux, la table rétablit la frontière physiologique (divin/mortel) que l’alimentation carnée voulait annihiler. Le déni de l’acte cannibale entraîne chez Térée et Thyeste la régurgitation des chairs : le pylore, porte du ventre, répond à la « frontière » qui, dans le Timée , cloisonne dans la tête l’âme rationnelle. Obturations et passages, les frontières ont leur gardien, Hermès, qui en est aussi le transgresseur attitré.
Dernières publications : Cannibalisme et immortalité. L’enfant dans le chaudron en Grèce ancienne (Belles Lettres, rééd. 2007), Réalités et imaginaire des supplices en Grèce ancienne (Belles Lettres, rééd. 2013)